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Boris Diaw, la polyvalence au service des Suns (2005-2006)

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Les Suns de Phoenix ont connu une période faste dans le milieu des années 2000. Le meneur canadien Steve Nash, double MVP à ce moment, en est le parfait symbole, accompagné de son lieutenant Amare Stoudemire, intérieur offensif très talentueux, sans oublier les Raja Bell, Shawn Marion, Leandro Barbosa, Joe Johnson, Kurt Thomas qui sont venus se greffer autour.

Cette armada a fait fort : la saison 2004-2005 a été récompensée par 62 victoires en saison régulière.

DIAW, FACTEUR X DE LA SAISON RÉGULIÈRE DES SUNS

Deux éléments viennent contrarier les Suns à l’aube de la saison 2005-2006. D’abord, Joe Johnson, jeune arrière prometteur (17 points de moyenne cette saison là) qui exprime son désir de quitter les Suns. Il est échangé contre l’arrière remplaçant des Hawks d’Atlanta, Boris Diaw (moins de 5 points de moyenne sur sa saison sophomore) et un tour de draft, soit une maigre compensation … à première vue. La deuxième contrariété est la blessure d’Amare Stoudemire, le second homme des Suns, qui se fait opérer et doit manquer toute la saison (il a joué 3 matchs).

babacEn considérant ces éléments, il ne fait aucun doute que les Suns ne peuvent pas espérer réaliser une aussi bonne saison en 2005-2006. Mais un facteur X va faire son apparition, l’impressionnante progression de Boris Diaw, l’arrière français de 23 ans, transfiguré cette année là. Dès le premier mois, il obtient sa place de titulaire, avec un premier changement puisqu’il devient ailier. Il s’affiche comme un bon distributeur, avec 5 passes décisives de moyenne (performance d’autant plus impressionnante quand on considère le fait que le franchise player, Steve Nash, est le meilleur passeur de la ligue). Plus que le nombre, la qualité de ses passes était excellente. Pour un joueur de 2,03 mètres, il possédait vraiment une excellente qualité de distribution, une vision et une intelligence de jeu hors norme. Il a tourné à une moyenne de 6.2 passes sur la saison entière. Mais là n’était pas son seul fait d’armes.

Il a, malgré son altruisme excessif qui lui est encore parfois reproché, triplé sa moyenne de points par match. Avec 13.3 points, il était une menace multiple pour les défenses adverses. Il affiche aussi une hargne et une présence défensive nouvelle pour lui et rare au sein d’une équipe de Phoenix tournée vers l’attaque.

Il s’affirme ainsi comme un joueur assurément atypique. Ce qu’il a confirmé tout au long de la saison. S’il est rapidement devenu l’ailier titulaire des Suns, il a aussi pris le rôle d’ailier fort remplaçant, prenant le relais d’un Shawn Marion qui jouait plus de 40 minutes par match.

Mais son rôle s’est encore étendu. En février 2006, le pivot titulaire Kurt Thomas s’est blessé. Dans un effectif bien pauvre en termes de profondeur de banc, c’est l’ailier qui est devenu le pivot titulaire. Les Suns étaient alors sur une série de 5 victoires consécutives. Série portée à 11 avec le positionnement de Diaw dans la peinture. Sa présence défensive se confirme, il prend désormais 6.9 rebonds et réalise un contre par match. Dans le sillage de Nash, Diaw confirme ainsi une inattendue progression et mène les Suns à la deuxième place de la conférence Ouest, assurant haut la main une qualification pour les playoffs. Qualification attendue, mais pas de la sorte au vu des contrariétés affichées au début de la saison.

Seulement, pour les playoffs, la paire d’intérieurs Marion-Diaw semble insuffisante, notamment en terme de taille (2.01m et 2.03m). Contrairement à la saison régulière, il faut en playoffs plus de présence à l’intérieur, et une défense plus importante car le jeu est généralement ralenti. Deux choses que n’ont pas les Suns, avec leur jeu rapide porté sur l’attaque (le fameux Run & Gun de Mike d’Antoni, si plaisant à voir à cette époque).

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UNE POST-SEASON PLUS QU’A LA HAUTEUR

La question se posait donc, pour ce premier tour face aux Lakers, de savoir si Diaw allait rester le pivot titulaire ou repasser à son poste d’ailier.

Manquant de solutions, Mike D’Antoni a gardé Diaw à son poste. Le secteur intérieur des Lakers était plutôt fourni en terme de présence physique, avec l’éternelle déception, Kwame Brown, et Lamar Odom. Avec un Kobe Bryant au sommet de son art, les Lakers restent une menace malgré un effectif et une saison moyenne (7° de conférence). Mais entre la superstar Bryant et le coach légendaire Phil Jackson, les Lakers ont donné du Phil à retordre aux Suns.

La série est donc effectivement compliquée, avec notamment 50 points de Kobe Bryant au match 6. Mais ça a suffit : les Suns passent ce premier tour et affrontent ensuite les Clippers de Sam Cassell et Elton Brand. Sept matchs ont été nécessaires pour faire face à ces deux équipes de Los Angeles. Phoenix se retrouve en finales de conférence non sans mal. En face, les Mavericks de Dallas viennent d’éliminer les champions en titre, San Antonio, et avec un secteur intérieur au sommet de son art autour de Dirk Nowitzki.

Nash est égal à lui-même lors du premier match : 27 points, 16 passes. Le double-MVP confirme son statut bien que très décrié à l’époque.

Mais c’est Diaw qui retient l’attention. Défendu par Erick Dampier ou Dirk Nowitzki, aucun n’a été capable de suivre le rythme. Il termine à 34 points, 6 rebonds et 2 passes (avec les 16 de Nash, pas besoin d’un second meneur sur le terrain). Mais face à des Mavericks au sommet de leur art, les Suns n’ont pas pu tenir la durée. Les Mavericks atteindront et perdront leur première finale NBA face au Heat le mois suivant.

Pour sa part, « Babac » termine la série à un ahurissant total de 24 points à 52% de réussite, 8.5 rebonds et 3.2 passes. Ahurissant quand on considère que celui qui a été drafté au poste d’arrière 3 ans plus tôt est désormais le pivot d’une équipe qui a fait sensation. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est un excellent pivot en cette fin de saison 2005-2006.

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LA FIN D’UNE ÈRE…

Récompensé par un titre mérité de MIP (meilleure progression), Diaw décroche un gros contrat de la part des Suns. A 24 ans, il semble avoir une bien belle carrière devant lui. Néanmoins, le retour de Stoudemire et Kurt Thomas lui fait reprendre sa place d’ailier. Il devient la troisième option de son équipe, et ses performances plongent en même temps que ses intentions de jeu. Il est échangé un an après et apporte aux Bobcats une hargne et une attitude qui mènera ce jeune effectif à une qualification aux playoffs en 2010. Il semble renaître aux spurs, plus par sa défense que par son jeu singulier montré durant sa saison de MIP.

D’aucun dirait que son gros contrat donné par les Suns l’a excessivement comblé et a diminué son appétit sur le terrain. Mais on peut aussi se dire que les conditions n’étaient réunies pour Boris Diaw qu’une saison, une seule saison où il aura pu s’exprimer à la hauteur de son génie singulier. Barré par ses coéquipiers par la suite, il semble aujourd’hui enfin redevenir le joueur qu’il était à San Antonio. Avec un rôle amoindri par l’imposant collectif des spurs. Et essentiellement porté vers une présence défensive, n’étant que la (au moins) 5° option des spurs.

About Antoine Abolivier (85 Articles)
Tombé dans le basket en découvrant Tony Parker et Boris Diaw. Passionné par tout ce qui touche à son histoire que ce soit le jeu, la culture ou les institutions. Présent sur twitter, @AAbolivier

5 Comments on Boris Diaw, la polyvalence au service des Suns (2005-2006)

  1. Tout à fait d’accord. Diaw a été très impressionnant pendant ces deux saisons. Par contre, si Babac’ est un défenseur aujourd’hui chez les Spurs, il n’en reste pas moins un élément offensif décisif pour le collectif texan : déjà, ses moyennes aux points sont convenables (par rapport à celles affichées à Charlotte, par exemple), et surtout on sait que l’apport offensif d’un joueur comme lui ne se ressent jamais intégralement dans les statistiques. Sinon très bon article !

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    • Merci du compliment !
      Pour en revenir à son rôle aux spurs : il a son importance dans le collectif texan pour les 20-25 minutes qu’il joue chaque soir. Mais son rôle est bien plus limité que cette saison magnifique aux Suns. Il est autour de 10 points par match cette saison, et dans les 2 passes … Mais au delà des stats, il a toujours cette tendance à fluidifier le jeu qui rend le collectif des spurs plus beau à voir, je suis totalement d’accord. Mais de par les joueurs présents autour, son importance dans le collectif texan est moindre par rapport à la place qu’il occupait dans son année MIP

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      • Concernant le jeu de Babac aux Spurs, je ne vais pas te contredire, si il y a bien quelqu’un qui s’y connais, c’est toi lol. Et sinon… très bon article mais ça ne me surprend pas ça ^^

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  2. Très bon article, par contre, je ne suis pas d’accord avec votre vision de son scoring. L’année qui est prise comme référence, il met 13.3pts de moyenne par match, cette année 9.1pts. Mais si on met en rapport au temps de jeu 35.5minutes chez les Suns contre 25 chez les Spurs, on arrive à 12,9. On peu donc dire que c’est sensiblement le même.

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    • Bonjour,
      Merci pour le retour 🙂
      Oui j’ai pas spécialement développé ce point sur le scoring, donc je vais préciser ce que je voulais dire :
      Diaw est monté en puissance en 2005-2006, et il avait sur la fin un vrai comportement de scoreur (notamment en playoffs), et de manière récurrente. Aux spurs, il est plus dans le rôle du créateur passeur, il créé pour les autres, et les points qu’il met son majoritairement du catch & shoot, du jeu au poste … Il a moins le comportement de scoreur de cette très courte période aux suns, il se créé finalement assez peu ses shoots (il a eu une fulgurance lors du Game 6 contre OKC quand TP se blesse mais en dehors de ça il a rarement dépassé les 15-20 points et est rarement sorti de son role).

      Cela dit, c’est énormément lié au jeu des spurs, en dehors de Parker et Ginobili il y a peu de joueurs qui se créent leur propre shoot.
      Donc en effet Babac a le même apport au scoring qu’aux suns, mais pas le même, et puis je n’ai pas précisément les stats mais en fin de saison il avait un apport plus important qu’en début. C’est ce qu’on ne peut pas voir avec les moyennes.

      Bref j’espère que ma réponse fleuve ne t’a pas assomé, encore merci pour le retour 😉

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